Le chat porte-bonheur
Culture et patrimoine
Extrait d'un dossier que vous pouvez retrouver dans la magazine Largevision Découvertes n.55 : Lyon
Le pouvoir surnaturel du chat a laissé un souvenir vivace à travers cent légendes, dispersées dans le folklore du monde entier.
En Birmanie, il n’est point véritablement divinisé mais a, de tout temps, fait l’objet d’une sorte de culte totémique. En particulier, pour leur couleur, leur indolence, leur douceur, les chats blancs sont considérés comme l’image même de la béatitude. Or, pendant la guerre de 1939-1945, ce pays était très profondément travaillé par l’influence japonaise, qui, pour paralyser les Alliés, incitait le Birman à s’opposer surtout aux constructions des routes stratégiques. Il était devenu pratiquement impossible de recruter la main-d’œuvre indigène. Après deux ou trois jours de chantier, les ouvriers abandonnaient leur travail et s’enfuyaient dans la jungle, en dépit de salaires élevés.
« Chatte à sa toilette » Ando Hiroshige
C’est alors qu’un colonel anglais, fort au courant des croyances populaires, eut une idée originale. Ordre fut d’abord donné à toutes armes de collecter le plus grand nombre de chats blancs possible. Entre-temps, on avait peint au pochoir, sur tous les véhicules : jeeps, camions, tanks légers, etc., des silhouettes de chats blancs, comme s’ils étaient l’emblème de l’armée britannique. Ils en furent en tout cas, le porte-bonheur. Très vite, en effet, le bruit se répandit que les aérodromes anglais étaient devenus hors d’atteinte, qu’ils étaient devenus le refuge des chats immaculés, et que le matériel roulant était également à l’abri des surprises. Il n’en fallait pas davantage pour que les populations indigènes, fermées subitement à toute propagande japonaise, apportassent aux Alliés leur appui.
Le Matagot
Tout le Midi de la France connaît les « Matagots », les chats sorciers. Le « Matagot » correspondrait à ce « Chat d’Argent » de Bretagne, qui peut servir neuf maîtres et les enrichir tous. Comme lui, le « Matagot » est un chat noir qui a cette propriété d’attirer les écus dans la maison où on le nourrit et où on l’aime… Mais, attention : il ne suffit pas de s’emparer d’un « Matagot » que l’on aura appâté par une poule grasse (car le « Matagot » est gourmand) ; il ne suffit pas davantage de le saisir sans brutalité par la queue, de le mettre tendrement dans un sac et de l’emporter chez soi en grand secret sans jamais regarder en arrière, ni, pour finir, de l’enfermer dans un grand coffre. Il faut, avant tout, le nourrir, et le nourrir avec prévenance. Si vous lui donnez chaque fois la première bouchée de vos propres repas, vous trouverez chaque matin auprès de lui, au fond du coffre, un écu d’or.
Extrait de : L’esprit du chat de Bérengère Bienfait. © Cheminements